Roland Becker
Telerama n° 3172
FFF On aime beaucoup
A la fois la marche et la danse, un tempo solennel mais jubilatoire, ancré dans les traditions de basse Bretagne, bombarde énergique en avant, sur des échos de harpe et de vielle à roue, parfois agrémentés de voix en réminiscences hallucinées. Le compositeur Roland Becker a été marqué, dès ses débuts, à la fin des années 1970, par Alan Stivell, le pionnier du renouveau des musiques celtiques. Cela s’entend dès les premières mesures à ces attaques vigoureuses, à cet élan lyrique. Qu’il souffle (bombarde, clarinette, flûte à bec), percute (tambourin, cymbales, coquillages) ou tâte du violon, de l’orgue et de l’harmonium, l’ancien leader du Bagad d’Auray nous transplante dans un autre temps, un autre monde. Il s’appuie sur les héros sacrés celtiques (les immrama) et leurs voyages labyrinthiques, pour conter des « rêves en transit », des pérégrinations initiatiques. Au coeur de sa démarche, l’utilisation des anciens systèmes musicaux bretons, dont il établit l’inventaire depuis trente ans (rythmes impairs, quart de ton, échelles pentatoniques). Lesquels sont très présents en Orient comme en Afrique. D’ailleurs, le corpus populaire breton s’est toujours nourri de « l’ailleurs », de la cornemuse grecque à la bombarde des croisades.
Eliane Azoulay – Telerama n° 3172